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CHANTER

"Nos voix s'élèvent

et nos coeurs 

percent les cieux."

           

 

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Pourquoi Nous chantons?

La méditation chantée.

 

Le chant méditatif demande le maintien de notre esprit immobile et abandonné. Percevoir votre voix au coeur des autres voix du hatto (la chapelle) c’est percevoir votre "moi" véritable. Le son et vous-mêmes n’êtes pas séparés, et avec le temps vous et le monde entier ne serez plus séparés.

Se percevoir, c’est percevoir la substance universelle. Le chant nous façonne et nous mène à une tenue juste de notre vie par notre vie ; cette pratique nous révèle comme des êtres centrés et à la fois libres et présents à toute chose, tout phénomène, toute situation.

 

Devenir « centré », lésté, présent; percevoir tous les sons du monde par la pratique de percevoir sa voix; cela nous permet de comprendre et de faire corps avec nos émotions, nos perceptions et nos sensations au lieu de nous battre avec, de les combattre ou de les convoiter.

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La vie devient alors une danse du réel, où situation, fonction et relation s’harmonisent. Ce n’est pas facile de plonger dans la méditation chantée : au début on aime ou on n'aime pas, l’esprit est confus, il bataille, il voudrait comprendre…mais avec le temps, s’il y a abandon et confiance, ce même esprit devient clair et vaste. Dans cet esprit clair il n’y a plus de « j’aime ou je n'aime pas ». Il y a juste le son de la voix, ici, et maintenant, et pleinement le son de la voix, ainsi, telle qu’elle est.

Chanter c’est cultiver l’abandon.

 

Aussi dans le zen chanter n’est autre que méditer, faire l’expérience de sa présence vivante au coeur du monde en toute simplicité sans discriminations mentales et sans avidité.

Notre direction dans le zen est de devenir des êtres à l’esprit clair, de nous réveiller de nos rêves illusoires et d’atteindre la sagesse du coeur pour aider ce monde à aller mieux.

Chanter c’est cultiver la présence.

 

Aussi lorsque vous vous abandonnez au chant, vous vous abandonnez à l’instant, vous vous abandonnez à votre présence sans artifices, et vous vous abandonnez aux autres.

Chanter c’est cultiver la confiance.

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S’abandonner aux chants avec confiance et présence c’est devenir clairs comme l’espace est clair. Clairs comme l’espace signifie :

Le rouge apparaît : rouge.

Le blanc apparaît : blanc.

L’oiseau vole : il y a l’oiseau.

Le bambou bouge dans le vent : il y a le vent et le bambou.

Quelqu’un est heureux : je suis heureux.

Quelqu’un est triste : je suis triste.

Quelqu’un a soif : je lui donne à boire.

Puis le chant s’acheve, le chant dans le dojo, mais plus largement le chant de l’instant présent, et tout disparaît pour que tout renaisse à nouveau.

Chanter c’est cultiver l’amour et la compassion.

La sagesse.

 

Dans le chant zen, le « je » s’efface et se manifeste alors juste ce qui doit se manifester. Ainsi. Thatagatha. Avec le temps on n’entends plus le son, mais nous devenons le son. Le son de notre voix, mais aussi nous devenons le son de celui qui rit, le son de celui qui pleure. Le son de l’oiseau, ou le son d’un homme en colère…..Et puis tout s’efface. Et un nouveau chant commence.

Chanter c’est plonger dans l’impermanence.

 

Laissez tomber « moi et mon son ». Et devenez le son.

Laissez tomber les sons que j’aime et les sons que je n’aime pas dans la vie, et devenez la vie pleinement parfois aux sons harmonieux parfois aux sons stridents. Laissez tomber les pensées, abattez les murs des jugements. Devenez le chant de l’existence.

Chanter c’est célébrer la vie.

 

Dans nos cérémonies nous offrons nos chants parfois en mémoire des ancêtres, en acte de gratitude, parfois pour les gens qui souffrent ou qui sont loin, en acte d’amour, parfois pour les êtres disparus, en acte de compassion, et parfois pour célébrer un événement, en acte de joie partagée et d’harmonie. Le chant est une pratique qui nous sort de nous-mêmes pour nous offrir à l’univers. Par le chant nous devenons un don pur et non intéressé.

Chanter c’est cultiver la bienveillance.

 

S’élevant avant ou après le silence de zazen, le chant zen est  une autre expression de notre visage originel, cette pureté de l’enfance que nous oublions bien souvent et qui demeure le don le plus merveilleux que nous pouvons faire au monde : notre grande beauté bienveillante.

 

Ici, entendez votre voix, au coeur de la voix des autres.

Laissez le tambour être le tambour, la cloche être la cloche, le mokugyo être le mokugyo …laissez-vous n’etre autre que vous.

 

Federico Dainin Jôkô Sensei

(extrait du "Livre de Vie" de la Fraternité de La MOntagne Sans Sommet)

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