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Transmission

De Maître en Maître De Patriarche en Patriarche 
De Maître à Disciple
De disciple à disciple
De cœur à cœur
Le lien interrompu des enfants du Bouddha


Dans le bouddhisme mahayana la traçabilité du lignage est fondamentale, non pas tant en qualité d’une légitimité exclusiviste qui voudrait affirmer de vrais pratiquants bouddhistes en opposition à de faux pratiquants, mais plutôt comme le lien fort et formel qui nous relie directement au Bouddha dans la passation ininterrompue de son enseignement transmis de Maître en Maître depuis Shakyamuni lui-même, le Maître Originel.

Dans le bouddhisme zen, ce lien est officiellement enregistré de Patriarche en Patriarche, de Maître à Disciple, comme le témoignage du don vivant qui est offert sans limites ; cette transmission commence par être scellée ordinairement dans un document que l’on reçoit plusieurs fois au long de notre vie de pratiquants. Ce document se nomme Ketsumyaku et il atteste le lien du sang qui unit le disciple directement au Bouddha à travers son Maître.

Ketsymuaku signifie « lien du sang » ; ce document est reçu lors des cérémonies où l’on prononce les préceptes, Jukai, cérémonies qui ponctuent la vie d’un disciple. 
On le reçoit pour la première fois le jour de l’ordination de bodhisattva, où l’on prononce solennellement les 16 préceptes bouddhiques en tant que laïc engagé sur la Voie; puis on le reçoit à nouveau le jour de l’ordination monastique, Shukke Tokudo, où l’on prononce à nouveau les 16 préceptes ; mais on le reçoit aussi la veille ou le jour même de la Transmission de Maître, Denpō, prononçant encore une fois les mêmes 16 préceptes.

Cela signifie quelque chose de très fort : quelque soit l’avancement dans la Voie de l’enseignement du Bouddha nous ne cessons de prononcer et d’incarner les mêmes préceptes que l’on soit laïque, débutant, none ou moine, ancien ou débutant, enseignant, disciple ou Maître.

Cette trace, ce lien d’engagement, est représentée sur le document par une ligne rouge qui traverse les calligraphies des noms de Dharma de chaque maître jusqu’à celui du maître qui transmet les préceptes conjointement au nom de celui qui les reçoit. Puis le Ketsumyaku est scellé par le sceaux du Maître, la date, la formule de transmission et le lieu où a eu lieu la cérémonie. Il sera alors gardé précieusement dans un écrin.


Ainsi il ne s’agit pas tant d’un certificat, mais de la visualisation formelle et solennelle de l’arbre de la transmission dont le but premier et de manifester, élargir et approfondir, notre gratitude à travers la célébration de la reconnaissance envers nos ancêtres.

Tous les pratiquants du bouddhismes zen qui s’engagent dans la Voie du Bouddha à la suite d’un maître, qu’ils soient laïques ou monastiques, reçoivent donc le Lien du Sang, le Ketsumyaku, qui les relie symboliquement et ésotériquement au Bouddha lui-même à travers l’enseignement du Dharma de Maître à Disciple et au sein de la Sangha universelle.

Lorsqu’un Maître zen choisit de donner la Transmission du Dharma, à l’un de ses disciples proches, et d’en faire ainsi son successeur l’élevant à son tour au rang de Maître, il lui transmet plusieurs autres documents (sammotsu) officiels qui sont maintenus secrets et confiés lors d’une cérémonie intime et privée dans la chambre abbatiale, ou dans la chambre du maître qui transmet.

Le Shisho, « certificat de succession », qui atteste de la transmission officielle du Dharma entre le Maître et le Disciple qui devient Maître à son tour, est le document fondamental qui établit dans le secret du « cœur-à-cœur » le nouveau successeur du Bouddha et des Patriarches.

C’est un document très complexe et dont la création et la transmission sont accompagnés par un déroulement rituel extrêmement codifié et symbolique. Il se présente sous la forme d’un rouleau de soie de plus de deux mètres de long sur lequel sont calligraphiés à la main tous les noms des patriarches prédécesseurs inscrits dans une forme graphique complexe, du Bouddha jusqu’au nouveau successeur.

Le nom du Bouddha se trouve au centre, comme la prunelle de l’œil, et tous les Patriarches sont inscrits ordonnancés en forme de rosace autour traversés par une ligne ininterrompue rouge et accompagnés à chaque fois de la mention « Bouddha-Bodhisattva ».

Lorsque l’ouvrage, très long et très minutieux, est achevé cela prends la forme d’un œil ; la Vraie Loi, le Trésor de l’œil. Lorsque le document est déroulé on étains toute lumière, et à l’aide d’une seule lampe à huile, ou d’une torche, ont examine le document de soie ne pouvant qu’en découvrir un seul élément à la fois, silencieusement dans le secret de la chambre du Maitre.

Puis le maître invite son successeur à lire leurs deux noms inscrits sur la soie et bien au delà… Et signe le rouleau par la formule suivante :

« Les Bouddhas et les Patriarches, ainsi que la manifestation et la réalisation de la Grande Voie, ont été transmis ici et maintenant par le lien vivant du sang coulant ininterrompu.

Et (nom du successeur) les a reçu au cœur des dix directions ici et maintenant. »

Date, lieu, sceau et signatures.


Le Ketsymyaku, « lignée de sang », qui marque la prononciation solennelle des préceptes au sein d'une lignée précise permis les nombreuses ramifications généalogiques.


Le Daiji, « la Grande Affaire », un ensemble de diagrammes et pliages symboliques qui incarnent l’éveil indicible, inénarrable. Ce document est trouve son origine dans le Sutra du Lotus où il est dit que les bouddhas apparaissent en ce monde pour réaliser la seule « Grande Affaire » de sauver tous les êtres.

Concernant le Shisho, Bernard Faure écrit ceci :

Le sang de la Loi bouddhique circule [ainsi]

métaphoriquement du corps du maître à celui du disciple.” 

Pour le fondateur de notre école, l'Ecole Sôtô, le Grand Maître Eihei Dôgen, le seul document important qui authentifiait la transmission aux successeurs du Dharma était le Shisho.

Nous avons par la suite, au long des siècles écoulés, ajouté d’innombrables rituels, documents et procédures administratives qui n’étaient pas du tout en usage à l’époque de nos maîtres anciens et qui ne possèdent donc pas une importance capitale bien qu’ils portent du sens symboliquement fort.

Les institutions se sont perdues dans les méandres administratifs les plus saugrenus et anachroniques, bien souvent en opposition à l'essence même du zen. Aucune instance ne peut valider ou pas la transmission de maître à maitre tant que celle-ci s'opère naturellement au sein d'une lignée légitime.

Lors de la cérémonie du Shiho, la transmission de Maître Zen, d’autres objets rituels et dignitaires sont transmis au nouveau Maître, mais le Shisho reste le document fondamental que Dôgen lui même, transmettait de son vivant.

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